Le graoully

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Le Graoully est le nom donné à un dragon légendaire qui terrorisa la ville de Metz au IIIème siècle.

Son nom a des origines Germaniques (Graülich), et décrit un être monstrueux, morbide et agressif. L’orthographe de son nom a évolué le long des siècles, et est passé de Graully, à Graoully au dernier siècle.

Les premiers écrits sur le monstre datent de la période d’essor du christiannisme, au VIIIème siècle. La légende est née à cette époque, mais c’est au cours du XIe siècle que cette histoire terrifiante prit toute son importance.

Le récit de cette légende a été modifié à plusieurs reprises, mais l’ensemble des spécialistes estiment la présence du monstre à l’époque où Saint-Clément fût nommé évêque de Metz.

Il est dit que Saint-Clément organisait périodiquement des messes dans les ruines de l’ancien amphithéâtre de la ville, qui étaient infestées de serpents.

L’un de ces serpents était bien plus grand que les autres, et semblait régner sur les autres. Au XIIème siècle, toujours au travers des récits successifs, ce serpent prit la forme d’un dragon terriblement cruel.

Voici donc la légende du Graoully, terreur de la ville de Metz.

La ville entière était paniquée. Un dragon y semait la zizanie depuis près d’une semaine. Chaque nuit, cette bête horrible rôdait et sélectionnait ses proies parmi les habitants.

On le décrivait comme un énorme reptile aux pattes courtes, et griffes pointues, et l’ensemble de son corps était recouvert d’écailles rutilantes.

Malgré de nombreuses tentatives, il n’existait aucune arme capable de transpercer sa peau épaisse, peu importe les matériaux utilisés.

Chaque jour des habitants continuaient de le voir planer au-dessus de la ville, mais les Messins remarquèrent qu’il avait pris possession du vieil amphithéâtre Gallo-Romain.

Saint-Clément, alors évêque à peine installé dans la ville, et précédé par ses exploits passés maintes fois relatés (il avait, entre autres faits, ressuscité la fille d’un gouverneur), fut alors mandaté par un légionnaire qui lui demanda de libérer la ville du joug du dragon.

Saint-Clément, seulement armé de sa foi, se rendit dans les ruines du monument en piteux état. Il y vit, au sol, des dizaines de serpents. Il se mit alors à faire un signe de croix, et les serpents disparurent en sifflant, s’éloignant au plus vite du saint-homme.

Mais quelques secondes plus tard, le dragon lui-même sortit de l’ombre, et se dressa devant l’homme, resté sans mouvement. Il reproduisit un signe de croix, et soudainement, le Graoully se figea, semblant hésiter à l’attaquer.

L’évêque en profita pour entourer le cou du monstre avec son étole, et maintint fortement le tout. La créature tenta de s’en débarrasser, mais en vain, car ses pattes furent trop courtes.

C’est alors que Saint-Clément traina la vile créature jusqu’aux abords de la Seille, pour finalement envoyer le monstre dans les profondeurs de la rivière.

A compter de ce jour, la ville de Metz retrouva son calme habituel. Soulagés et heureux, la très grande majorité des habitants de la ville de Metz se convertirent alors au Christianisme.

C’est de cette façon que le dragon devint le symbole de cette magnifique ville.

Entre le XIIème siècle et la période de révolution, le Graouilly tint une place prédominante dans la culture Messine. Le jour de sa mort fut célébré annuellement lors de processions à la Saint Marc et aux rogations (trois jours qui suivent l’Ascension).

Chaque année également, un défilé fut organisé au travers de la ville, durant lequel le dragon, sous forme d’effigie, put être fouetté par les enfants.

A ce jour, le Graouilly est visible de tous, enfermé dans la crypte de la cathédrale Saint-Etienne. Il flotte entre les murs des habitations de la rue Taison qui porte ce nom car les habitants de l’époque, qui étaient apeurés, ne cessaient de dire “Taison-nous, taison !”.

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