Lady Godiva

 Dans la catégorie Angleterre

Lady Godiva et son mari, Leofric, étaient particulièrement riches, puissants et charmants. Elle était philanthrope, et passait son temps à aider les églises à proximité. Quand à lui, comte de Mercia, il s’occupait des affaires seigneuriales du royaume avec efficacité et dévouement.

Mais… après un an de mariage fructueux, leurs riches vies devinrent une véritable catastrophe…..

Chaque nuit alors, les habitants de Coventry, curieux, pouvaient entendre leurs disputes résonner dans les ruelles pavées. Ils pouvaient voir les yeux fatigués de Lady Godiva, et savaient fermement qu’elle faisait tout pour éviter sa maison, et le plus souvent possible.

Mais les citadins, continuellement intrigués, ne savaient toujours pas quelles étaient les véritables raisons des malheurs du jeune couple.

Ils savaient aussi que ces fameuses disputes ont commencées juste après l’un des fréquents déplacements de Lady Godiva au marché local.

Ce jour là, visitant de manière nonchalante le même marché, elle souriait à chaque visage qu’elle rencontrait. Ses yeux se promenaient sur les étals, lorsqu’elle vit soudain une pomme tomber sur le sol ; elle la ramassa et entendit un fermier s’écrier : “Léofric doit aimer les pauvres, car il en crée tant !”

Elle ressenti alors que les rires qui suivirent étaient aussi douloureux que bruyants. Elle se dirigea furieusement vers le groupe de fermiers et s’exclama : “Que voulez-vous dire ? Leofric travaille toute la journée et une grande partie de ses nuits pour l’amélioration de la votre ville, Coventry, et de la vie de ses habitants !”

Ce à quoi répondit l’un des fermiers ; “Vous voulez dire pour l’amélioration de l’Angleterre et de sa seule personne !”

Le rire général qui s’en suivi provoqua chez Lady Godiva de vives douleurs, et un malaise d’une rare violence… Son cœur, fier, et tendre à la fois fut comme transpercé par des aiguilles en fer…

Elle dit alors : “Je crois que vous faites allusion aux impôts et au Roi. Mais vous savez que chaque royaume doit avoir ses impôts ? Sinon, comment les infrastructures et notre civilisation fonctionnerait-ils ?”

Le fermier un peu arrogant rougit, car il réalisa à qui il s’adressait.

Il dit alors : “Oh… ma bonne dame. Je m’excuse pour mon impolitesse. Je ne vous avais point reconnu…”

Elle répondit : “Nul besoin de vous excuser. Je souhaite entendre votre opinion honnête, et franc, sur mon mari et son travail. Et dans sa totalité !”

Le fermier fit un pas en avant, puis dit : “Eh bien, ses impôts… Je déteste le dire, mais certains d’entre nous ne peuvent tout simplement pas les payer. Et d’ailleurs, certains de ces impôts sont aussi très injustes. Comme cette taxe dite Heregald : elle sert à payer le garde du corps personnel du Roi. En quoi cela nous aide-t-il ? Et pourquoi le fumier est-il taxé ? Nos chevaux ne peuvent pas s’empêcher de faire ce qui est naturel… Pourquoi payer des taxes pour cela ?”

Certains autres fermiers alors se mirent à rire et hurler afin d’encourager ce paysan.

Puis, le fermier continua : “Notez qu’il taxe même nos fenêtres, et notre nourriture ; j’ai une famille de cinq personnes, et il pourrait aussi bien taxer chaque chaussette à chacun de leurs pieds. Encore faut-il que nous puissions nous payer des chaussettes !”

C’est à ce moment que Lady Godiva se mit à réaliser qu’effectivement, quelque chose n’allait pas dans cette ville, et décida de jouer son rôle de Lady.

“Très bien. Vous avez tout à fait raison. C’est indéfendable, et cela représente une mauvaise utilisation de l’impôt. Cela doit cesser, et cela cessera.”

Elle parti en trombe, visiblement agacée, et les fermiers restèrent sans voix suite à cette réaction inattendue.

Une année s’écoula. Et Lady Godiva tint sa parole, car chaque nuit, elle discutait et négociait avec Leofric à propos de ces impôts et taxes ; elle proposait même de nouvelles façons, plus ou moins innovantes, de mettre fin à certaines taxes injustes, et rédigeait également des lettres adressées au roi lui-même !

Mais…. Leofric restait têtu comme une mule.

Cependant, durant une chaude soirée d’été, les discussions, voire disputes, atteignirent des sommets. Leofric se retrouva assit, sa tête dans les mains, tandis que Lady Godiva fait les cent pas dans le salon.

Leofric dit alors ; “Je ne peux tout simplement pas annuler cette taxe-ci. Que penserait alors le Roi de ma personne ?”

Ce à quoi Lady Godiva rétorqua ; “Pourquoi vous en soucier ? Que valent l’opinion et la richesse d’un seul homme face aux opinions et aux richesses de milliers d’autres ?”

Il répondit : “Le Roi est plus qu’une simple personne. Et si c’est ce que vous pensez réellement, alors vous devrez me prouver que cela vous intéresse davantage que l’opinion des autres. Donc, voici ce que je vous propose : J’annule définitivement cette taxe, si vous traversez la ville toute nue.”

Lady Godiva ne se démonta pas, et répondit : “Qu’il en soit ainsi si c’est ce qu’il faut. Demain après-midi, quand le soleil sera à son zénith, je traverserai la ville entièrement nue.”

Leofric leva les yeux au ciel, incrédule. Jamais il n’aurait cru que sa propre épouse puisse faire une telle chose.

Il dit : “Très bien, je jure sur ma vie que j’annulerai la taxe Heregald, si tu fais réellement cela”.

Mais l’intelligente et prudente Lady Godiva savait comment elle pouvait rendre cette situation supportable, et aussi s’en sortir avec les honneurs, la tête haute.

Ainsi, alors que le soleil se levait, et que les coqs chantaient, Lady Godiva s’aventura dans la ville pour parler aux citoyens. Elle implora chaque habitant de fermer leurs fenêtres et leurs portes, et de ne pas la regarder pendant qu’elle traverserait la ville plus tard dans la journée.

Les habitants de la ville furent tous bouleversés, émus et fiers qu’une dame de cette classe ait pu aller jusqu’à de telles extrémités pour défendre leur cause. Ils jurèrent tous, sans exception, de faire ce qu’elle disait.

Cet après-midi-là, il n’y eut pas de marché, pas de chiens aboyants, pas d’enfants jouant dans les rues. Et alors qu’elle traversa dans son plus simple appareil, la ville devenue silencieuse, elle garda la tête haute. Car elle constata que chaque volet était fermé, et chaque porte verrouillée ; les habitants tint leur parole.

Suite à cette chevauchée, il fut constaté que seuls 2 hommes virent Lady Godiva nue, et tous deux en subirent les conséquences.

Son mari qui dû péniblement écrire au Roi pour lui faire part de son projet de modifier les taxes.

Et un jeune garçon effronté du nom de Tom, qui jeta un coup d’œil par le trou d’une serrure pour la voir. Il fut puni et perdit la vue.

La taxe Heregald fut abolie.

Les derniers contes
Barbe Noire