le Secret de la Vanille
Mr Beaumont habitait dans l’Est de l’île de La Réunion à Sainte Suzanne. Il était riche et possédait une grande plantation d’arbres fruitiers. A son service il avait plusieurs esclaves. Il était également l’une des rares personnes à avoir un plan de vanille.
Cet homme adorait son vanillier et le surveillait comme la prunelle de ses yeux. Il l’arrosait tous les matins. La liane de cette plante était toute verte, avec de larges feuilles épaisses. Elle poussait en s’enroulant autour d’un manguier. Un jour, les premières fleurs commencèrent à apparaitre. Le propriétaire était tout ravi.
Mr Beaumont avait parmi ses esclaves un jeune adolescent, qui s’appelait Edmond. Ce jeune homme métisse, malgré sa gentillesse, était très turbulents et maladroits et cassait souvent de la vaisselle sans le faire exprès. De peur de se faire gronder, il allait se réfugier dans le manguier pendant des heures.
Un jour, alors qu’il était comme à son habitude assis dans les branches, son maître vint au pied de l’arbre et le pria de descendre tout de suite. Un peu effrayé et craignant de se faire battre, l’adolescent descendit lentement et se tint debout bien droit, devant son patron.
Monsieur Beaumont lui demanda alors :
- « Que fais-tu aux fleurs de mon vanillier quand tu es sur le manguier ?
- Rien monsieur. Je ne touche pas à la vanille. Je mangue juste les mangues quand il y en a !
- Tu mens ! Je veux que tu me dises la vérité !
- Ben monsieur, soyez indulgent avec moi. Je ne recommencerais plus. C’est promis !
- Je ne te ferais pas de mal. Je suis juste curieux de savoir ! »
Ce sentant un peu plus rassuré, Edmond expliqua à son maitre :
- « Hé ben monsieur, quand vous êtes en colère contre moi et que je me fais gronder violemment, je monte sur le manguier et pour me venger j’écrase entre mes doigts les fleurs de votre vanillier.
- Peux-tu me montrer comment tu fais ? » dit le maître
Et aussitôt, le garçon broya une fleur entre ses doigts. Un petit sourire de satisfaction de vengeance se dessinait sur son visage.
- « C’est bien mon petit. Tu peux remonter dans l’arbre ! » dit l’homme.
Quelques jours plus tard, le vanillier avait de nouveau de belles fleurs blanches. Monsieur Beaumont décida alors de tenter l’expérience et fit venir Edmond. Il observa minutieusement tous les gestes du garçon sur la fleur de vanille. Il remarqua que machinalement le jeune homme appliquait l’anthère (l’organe mâle) avec le pollen sur le pistil (l’organe femelle). Ainsi ils restaient collés.
A son tours, monsieur Beaumont essaya de reproduire les mêmes gestes, et ensemble ils le firent à toutes les fleurs.
Les jours suivant, juste après le petit-déjeuner, le maître allait rendre visite à son vanillier. Il était très anxieux. Et un beau jour il constata que tout le corps de la fleur était tombé. Il se forma ensuite une petite couronne, puis une petite tête noire apparut et s’allongea au fils des jours. C’était une gousse de vanille !
C’est ainsi qu’on découvrit comment féconder la vanille.
Monsieur Beaumont décida d’affranchir son esclave qui prit le nom d’Edmond Albius. Ils continuèrent à travailler ensemble, d’affiner leur technique de fécondation et plantèrent d’autres lianes et le patron devint un grand producteur de vanille.
Depuis, la culture de la vanille se propagea sur l’île de La Réunion et acquit une renommée internationale.
Et aujourd’hui encore les touristes ne manquent pas d’en ramener dans leur valise.