La Sardine qui avait bouché le Port de Marseille
Selon les mémoires de Paul François Jean Nicolas, que je vais vous raconter cette histoire vraie.
Tout a commencé en 1778. Des officiers français du régiment d’infanterie Marine de Pondichéry, en Inde, furent capturés par les Anglais, puis libérés en vertu d’un accord d’échange de prisonniers.
Ils furent rapatriés en Europe sur une frégate de Marine de Louis XVI, qui s’appelait « La Sartine ».
Après plusieurs mois de bonne traversée, ils arrivèrent enfin dans la méditerranée proche de Marseille. Normalement « La Sartine » n’aurait pas dû être attaqué, car il naviguait sous un pavillon de trêve. C’est-à-dire un pavillon blanc et un autre plus petit, celui des anglais. Cela aurait dû leur permettre de naviguer sans encombre. Malheureusement ils n’avaient pas hissé correctement les pavillons.
Et ce qui devait arriver arriva.
Le 1er Mai 1780, à hauteur du Cap Saint-Vincent (sud du Portugal) la Sartine croisa la trajectoire du vaisseau de guerre Anglais, Le Romney. Sur un malentendu, celui-ci orienta ses canons sur La Sartine et commença à faire feu sur le navire qui était sans défense. Dans cette attaque, 9 personnes trouvèrent la mort, le capitaine y compris. Les coups de feu s’arrêtèrent brutalement, aussi sec que cela avait commencé. Le navire était très endommagé et il n’avait plus de capitaine. C’est le second, Marc-Lazare Roubaud, qui prit les commandes. Le 5 Mai 1780, il donna l’ordre d’accoster dans le Port de Cadix pour effectuer les réparations les plus urgentes. Le 9 Mai 1780, La Sartine quitta le Port de Cadix pour rejoindre le Port de Marseille. Le 19 Mai 1780, la frégate française, coula dans le chenal à l’entrée du Vieux Port de Marseille. Le navire était si imposant, qu’il bloqua l’accès aux autres bateaux pendant un certain temps.
Cette histoire marqua les marseillais, et au fils des années ils commencèrent à la raconter avec une pointe d’humour. Ils remplacèrent « La Sartine par La Sardine ». D’où la légende de « La Sardine qui a bouché le Port de Marseille ».