Avec les années, les événements, les changements, les évolutions, tout simplement la vie, un fragile petit cœur s’isola, au fil du temps, dans une cage en fer, autour duquel il fit élever un mur de verre qui permettait de le voir, érigea un édifice de glace bloquant tout passage, et enfin cuisina un mur de sucre aussi collant et solide que les sucres d’orge et caramels, afin de se protéger et de se cacher du monde qui l’entourait, ce monde si triste, morne, dangereux pour un cœur sensible.
Mais ce petit cœur, dissimulé par toutes ces barrières, tel un chevalier portant armure et boucliers, finit par réussir à creuser un minuscule trou afin d’observer les choses de ce coin reculé et enfermé. Malgré toutes ces protections, toutes ces séparations, l’épaisse couche de sa carapace ne l’empêchait pas de vivre de façon atténuée les bons moments, les bonnes choses, tout autant que les mauvaises et blessantes… Un jour, ou plutôt un soir, le petit cœur, dans une brume d’appréhension, fut arrêté par une personne. Le petit cœur connaissait de peu cette personne d’une gentillesse surprenante.
Cette dernière lui avoua sa flamme dévorante. Ce feu fit fondre le mur de sucre par sa chaleur, abîmant l’édifice de glace du petit cœur. Pris de panique, ce dernier resta figé, comme paralysé par cette révélation. Pour le tirer de son illusion, le cerveau lui affirma que ceci était impossible car il ne reverrait plus cette personne. Alors, le petit cœur se calma et tenta tant bien que mal de respirer à nouveau. Puis, cette personne, avec obstination, continua de révéler ses secrets cardiaques. Face à ceci, le bloc de glace céda et se réduisit à l’état de vapeur ne laissant plus que le mur de verre et la cage en fer. De nouveau, le cerveau intervint et tenta de cacher le petit cœur à l’intrus, mais le corps refusa qu’une seconde fois la raison l’emporte ! Alors, il l’empêcha toute approche.
C’est à ce moment précis, ce moment où le petit cœur le vit… Il vit l’éclat de détermination, d’obstination, de passion, de fougue brûlant dans les yeux de son envahisseur. Ils brillaient de mille éclats malgré leur noirceur telles les étoiles de ce soir-là, toutes témoins de la scène. Malheureusement, le petit cœur surprit aussi le brasier d’amour traversé par un souffle de tristesse. L’avait-il blessée en lui disant que la distance l’empêcherait de se voir et que cela finirait par les briser tous deux ? Le petit cœur pris d’une impulsion encore inconnue se mit à battre plus rapidement, à accélérer au point qu’il se mit à chauffer, à chauffer… Pendant ce temps, la personne lui racontait ce qu’elle pensait de lui, comment elle fut frappée par la foudre de son regard, le temps qu’elle passa à garder ce précieux secret, avec une vérité si poignante, si perçante qu’elle transperça le mur en verre. A ce moment-là, le corps s’élança au secours du petit cœur mais fut si envoûté par tant de beauté, de sincérité, d’amour qu’il perdit ses jambes et devint aussi ferme que du coton. La personne vint en aide au corps en le retenant et le réconfortant par la chaleur de ses bras protecteurs.
Le cerveau, enfin libre, s’interposa entre cette personne et le petit cœur. Sauf que de même que le corps, il fut immobilisé par ce feu ardent. Le petit cœur, complètement déboussolé, pour la première fois se cacha derrière ses mains… Le corps et le cerveau le rejoignirent et lui avouèrent leur attachement grandissant à cette personne dont le petit cœur commençait à connaître le passé. Avec l’accord des deux autres C, le petit cœur accepta son amour et par cet aveu, grandit, grandit, grandit à tel point que la cage de fer explosa, le libérant de toute retenue, brisant sa coquille et son refuge. La personne continua à lui parler ce qui rendit le cœur complètement dépendant et fou de cette dernière, de ses mots, de son visage, de tout, du moment que cela avait un lien avec elle…
Le cœur finit par lui révéler tout son amour pour elle, avec des paroles si belles que la personne se mit à croire tellement fort en ce petit cœur devenu grand, que tous deux fondirent de bonheur et d’amour. Ils laissèrent derrière eux une graine. Entretenue par leur amour, la graine germa, poussa, et s’épanouit en un magnifique arbre qui donna de nombreux fruits. On décida d’appeler l’arbre, comme cette fabuleuse personne, “l’Olivier”.
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