Le vieux Sage, l’Enfant et l’Âne

 Dans la catégorie Histoires du soir, Iran

Un sage d’un âge avancé avait un fils particulièrement timide et réservé. Sa timidité était telle qu’il n’était pas capable de sortir de sa maison. Sa plus grande crainte fût que l’on se moque de lui. Son vieux père lui expliqua un jour qu’il n’était pas bon d’écouter les gens, et qu’il allait le lui prouver.

“Demain, lui lança-t-il, tu m’accompagneras au marché ! “

Très tôt en matinée, ils quittèrent tous deux la maison, le vieux sage installé sur le dos de son âne, et son fils marchant à ses côtés. Quand ils furent arrivés à la grande place, des marchands murmurèrent :

“Regardez cet homme indigne. Il n’a de pitié pour rien ! Il est tranquillement installé sur le dos de son âne, et force son fils à marcher.”

Le sage dit alors à son fils :

“– Écoute bien leurs commentaires ! Demain, tu reviendras avec moi en ce lieu !”

Le second jour, le vieil homme et son fils firent exactement le contraire : le jeune homme monta sur l’âne, et le vieil homme, quant à lui, marcha à ses côtés. Dès l’entrée de la place, les mêmes marchands étaient là, et s’écrièrent :

“– Regardez cet enfant sans éducation, dirent-ils. Il se prélasse paisiblement sur le dos de l’âne, alors que son pauvre et vieux père se traîne dans la poussière. C’est vraiment malheureux de voir un tel spectacle ! “

“– Tu as bien entendu ? dit le père à son jeune fils. Nous reviendrons une fois de plus demain.”

Le troisième jour, ils partirent à pied tous les deux, tirant l’âne derrière eux au bout d’une corde.

Et une fois de plus, les marchands se moquèrent :

“- Regardez ces deux idiots ! Ils marchent à pied et n’utilisent pas leur âne à bon escient…”

“– Écoute-les une fois de plus, dit le vieil homme. Demain tu m’accompagneras encore une fois au marché.”

Le quatrième jour, lorsqu’ils quittèrent leur habitat, ils furent tous deux juchés sur le dos de l’âne. A l’entrée de la place, les marchands n’hésitèrent pas une seconde à commenter :

“– Quelle monstrueuse honte ! Regardez tous ces deux énergumènes ! Faire souffrir ce pauvre animal de la sorte. Ils n’ont donc aucune pitié ?”

Le cinquième jour, ils arrivèrent tous deux au même marché en portant l’âne sur leurs épaules. Les marchands se mirent à rire sans limites :

“– Regardez donc ces deux crétins qui portent leur âne sur leurs dos plutôt que de le monter.”

Le sage conclut :

“– Vois-tu mon fils, quoi que tu puisses faire dans ta vie, il se trouvera toujours des personnes pour te critiquer, te faire des remarques désobligeantes, et déplacées. Alors, n’écoute pas leurs opinions mais sois, reste toi-même, et trouve ton propre chemin.”

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